Un nouveau rapport appelle les dirigeants du monde à sortir de la rhétorique et à forger des partenariats significatifs avec l'Afrique.

L'influence de l'Afrique sur la politique mondiale est peut-être en train de s'accroître, mais les dirigeants du G7, de la Chine et de la Russie peinent encore à se défaire de stéréotypes dépassés sur le continent tout en essayant d'élaborer un nouveau modèle de collaboration.

Le rapport « Construire des partenariats dans un monde inégal : L'Afrique dans les discours politiques de l'Occident, de la Chine et de la Russie » étudie la manière dont l'Afrique est représentée dans le discours politique des dirigeants du Canada, de la France, de l'Allemagne, de l'Italie, du Japon, du Royaume-Uni et des États-Unis, de la Chine et de la Russie entre 2020 et 2023.

Les résultats suggèrent que, bien que l'autonomie et le potentiel des nations africaines soient de plus en plus reconnus, le discours dominant n'est souvent pas à la hauteur d'un engagement véritablement équitable.

L'étude a analysé 124 discours prononcés par les dirigeants des pays du G7, de la Chine et de la Russie entre 2020 et 2023, et a identifié 22 thèmes récurrents, tels que « partenariat », « commerce et investissement », « migration » et « démocratie ». L'une des principales observations est que ces thèmes reflètent souvent des récits politiques et stratégiques davantage adaptés à des publics nationaux plutôt qu'à de véritables engagements avec l'Afrique.

Le rapport a été rédigé par le Dr Hui Wilcox. Le livre blanc qui en résulte, intitulé « Entre mensonges pieux et intentions réelles : Décortiquer ce que les dirigeants mondiaux pensent de l'Afrique », décrypte les conclusions du rapport en explorant les thèmes du partenariat, de la migration, de la démocratie ainsi que du commerce et de l'investissement. Le livre blanc a été rédigé par Terence McNamee et Moky Makura.

Voici les principales conclusions du rapport :

  • Le thème le plus fréquent, partenariat, apparaît dans près de 40 % des textes analysés. Les dirigeants mettent souvent l'accent sur un « partenariat équitable », même si la marginalisation de l'Afrique dans la gouvernance mondiale contredit ces affirmations.
  • La disparité entre la rhétorique et la réalité est évidente dans les inégalités structurelles, telles que l'absence de représentation permanente de l'Afrique au Conseil de sécurité des Nations unies et sa dépendance financière à l'égard des bailleurs de fonds extérieurs.
  • La migration est au cœur des politiques occidentales sur l'Afrique, mais elle n'est mentionnée que dans 18 % des discours. Ce décalage révèle une réticence à aborder publiquement des questions sensibles telles que l'impact de la migration irrégulière sur la politique intérieure.
  • Des initiatives très médiatisées, comme le désormais abandonné « plan Rwanda » du Royaume-Uni, illustrent les tentatives d'externalisation de la gestion des migrations, tout en éludant des causes plus profondes telles que la pauvreté et les conflits.
  • La démocratie est mise en avant par les dirigeants américains plus que par les autres, ce qui reflète l'importance historique accordée par les États-Unis aux réformes de la gouvernance. Toutefois, la crédibilité de ce discours est mise à mal par le recul de la démocratie au sein même des États-Unis.
  • La lutte des Africains contre l'instabilité politique, les coups d'État et l'affaiblissement des normes démocratiques contraste avec le ton normatif des dirigeants occidentaux.
  • Malgré les proclamations de « nouveaux partenariats commerciaux », l'Afrique ne reçoit que 3,5 % de l'investissement étranger direct mondial.

Le rapport souligne la nécessité d'une meilleure harmonisation entre les discours des dirigeants du monde et les politiques réalisables. L'importance géopolitique croissante de l'Afrique, due à ses ressources, à sa croissance démographique et à son potentiel économique, exige des partenariats plus équitables. En fin de compte, il est essentiel de réduire l'écart entre la rhétorique et la réalité pour relever efficacement et équitablement les défis mondiaux que nous avons en commun.